Le fibrome utérin

Les termes «fibromes» et «fibromyomes» utérins sont synonymes.
Le fibrome de l’utérus est une tumeur bénigne développée à partir du muscle utérin (myomètre) et du tissu fibreux de l’utérus. Les fibromes sont sous l’influence des hormones féminines.
Les fibromes forment des masses plus ou moins arrondies, pouvant mesurer plusieurs centimètres et représenter plusieurs kilos ; il existe trois localisations principales par rapport à la paroi de l’utérus :

Fibrome sous-muqueux : il fait saillie dans la cavité de l’utérus. Il est responsable de saignement et d’infertilité.

– Fibrome interstitiel : il est enchâssé dans le muscle utérin. Il peut donner des douleurs, des pesanteurs, une infertilité.

– Fibrome sous-séreux : il fait saillie à l’extérieur de l’utérus. Il peut donner des douleurs et des pesanteurs.

Ces trois localisations peuvent être associées entre elles.
Un utérus dit polymyomateux ou fibromateux, signifie qu’il est porteur de plusieurs fibromes.

Quelles sont les causes ? Les symptômes ? Les bons traitements ?
Réponses et explications.
La plupart des fibromes, de volume modéré, non douloureux, ne demandent qu’une surveillance régulière est une abstention thérapeutique. On ne soigne que les fibromes qui deviennent gênants.
Le traitement médical utilise des hormones féminines : Progestatif de synthèse avec des modalités qui dépendent de la localisation, de la taille du fibrome ainsi que des symptômes.
Ce traitement est surtout indiqué pour les fibromes qui saignent
.
Ces traitements sont globalement décevants et n’ont pas fait la preuve éclatante de leur efficacité.
La chirurgie est à envisager dans certains cas.

La myomectomie qui consiste en l’ablation d’un ou plusieurs fibromes, et peut être faite par voie abdominale (chirurgie classique, parfois cœlioscopie), ou par les voies naturelles (utérine) sous contrôle visuel (hystéroscopie).

L’ablation de l’utérus et des annexes, ou hystérectomie totale, est pratiquée à l’approche de la ménopause, en cas d’utérus polymyomateux (plusieurs fibromes disséminés), hémorragie ou douloureux.

D’autres techniques, moins invasives que la chirurgie, incluent la myolyse par électrocoagulation, ou aux ultrasons, ou encore l’embolisation des artères utérines.

Chacune de ces techniques comporte des avantages et des inconvénients qu’il conviendra de prendre en compte avant d’opter pour l’une d’entre elles, notamment la question du désir de fécondité.
Les femmes doivent être pleinement associées à des choix thérapeutiques qui les concerne au premier chef.
EN QUOI ÇA CONSISTE ?

Des microbilles dans un cathéter pour affamer les fibromes.
Mise au point au début des années 1990, l’embolisation consiste à injecter des microbilles synthétiques dans les artères de l’utérus.
Cette opération se fait par l’intermédiaire d’un fin cathéter d’environ 1 mm de diamètre introduit sous anesthésie locale.
En recevant le sang venant des artères utérines, par ces canaux d’approvisionnement, le fibrome est littéralement asphyxié. Le fibrome se nécrose alors et rétréci.
Cette technique permet de bloquer la vascularisation de tous les fibromes aussi nombreux et petits soient-ils, évitant ainsi les risques de récidive.

UNE TECHNIQUE MULTIDISCIPLINAIRE

L’embolisation artérielle nécessite une approche pluridisciplinaire du traitement, en mettant à contribution radiologue et gynécologue.
Un radiologue vasculaire interventionnel peut réaliser cette intervention.
Ce professionnel de santé est spécialement entraîné à la navigation dans les vaisseaux et aux traitements par voie radiologique.
Une petite piqûre est pratiquée au niveau du pli de l’aine sous anesthésie locale, et le cathéter est introduit dans l’artère fémorale. Sous contrôle radiologique, il va naviguer jusqu’aux vaisseaux sanguins qui nourrissent les fibromes. Les sphères d’embolisation sont alors libérées et s’accumulent jusqu’au blocage du flux sanguin.
Le radiologue surveille la progression de ces particules. En fonction du nombre de fibromes et de la position, l’intervention dure entre 40 minutes et 2 heures.
Cette intervention est réalisée dans un environnement spécial, en salle de radiologie interventionnelle vasculaire. L’hospitalisation durera 1 à 3 jours et la convalescence n’excède pas une petite semaine.

FOCUS : EMBOLISATION ARTÉRIELLE OU HYSTÉRECTOMIE ?

L’embolisation peut être proposée à des femmes jeunes, qui souhaitent conserver leur utérus (notamment dans l’option d’une grossesse).
Certaines femmes ne peuvent pas supporter l’idée d’avoir encore des tumeurs en elles et préfèrent une myomectomie (ablation des fibromes par chirurgie), voire une hystérectomie (ablation de Paris).
Mais d’autres ne veulent pas perdre leur utérus, c’est pourquoi il faut intégrer l’embolisation dans l’information pré-opératoire.
Cette intervention peu invasive préserve l’état de l’utérus, contrairement à la myomectomie qui peut rendre l’utérus cicatriciel et donc impropre à une grossesse. De nombreuses femmes ayant des fibromes, préfèrent subir une embolisation en vue d’avoir par la suite des enfants.
L’hystérectomie est à privilégier pour les femmes d’un âge plus proche de la ménopause, et/ou qui ne souhaitent plus avoir d’enfant. L’embolisation reste une alternative et non pas un remplacement de l’hystérectomie.
L’indication médicale se fait au cas par cas selon l’âge, le désir de grossesse, le nombre et la taille des fibromes.

DE RARES COMPLICATIONS

Des douleurs pelviennes sont fréquentes après l’embolisation, elles peuvent être traitées par des anti-inflammatoires ou des antalgiques. Du fait des crampes parfois violentes, la patiente demeure généralement 1 ou 2 nuits à l’hôpital, où elle reçoit un traitement intraveineux contre la douleur.
Plus rare, d’autres complications passagères peuvent intervenir : fièvre, nausées…
Parmi les complications plus rares, on peut noter des cas d’aménorrhée (arrêt des règles, même si dans 80% des cas les règles réapparaissent dès le cycle suivant l’opération), d’infection généralement enrayées par un antibiotique, ou encore une nécrose de l’utérus qui entraîne alors l’hystérectomie que l’on cherchait à éviter.
L’embolisation reste une opération, qui ne bénéficie donc pas de risque nul, mais le risque de mortalité lors de cette intervention reste 10 fois inférieur à celui lié à l’hystérectomie.
Le risque de complications pour une embolisation est de 19%, tandis qu’il est de 26% pour une hystérectomie.
Les décès survenus à la suite des complications d’une embolisation, sont dus soit à des septicémies survenant chez des femmes ayant des antécédents d’infection gynécologique, et qui ont tardé à consulter, soit des embolies.
Pour éviter ces dernières, les anticoagulants peuvent être administrés à la femme les jours suivant l’intervention.
La plupart des études montrent que 78 à 94% des femmes traitées par embolisation, présentent une amélioration nette ou une guérison totale des hémorragies, des douleurs et autres symptômes.
Trois mois après l’intervention, on observe une nette réduction du volume du fibrome. Selon deux études américaines, la normalisation des règles serait obtenue dans 80% des cas, la réduction du volume de l’utérus est de 45% en moyenne, le taux d’échec est de 5 à 10% alors que près de 90% des patientes seraient satisfaites du résultat et recommanderaient l’embolisation à d’autres femmes.
Les résultats d’une étude menée en 2006 aux Pays-Bas, montrent que les femmes ayant subi une embolisation souffrent moins durant les 24 heures qui suivent l’opération, et reprennent plus rapidement une activité quotidienne normale, que celles qui ont subi une hystérectomie.
La majorité des femmes reprennent leur activité au bout d’une semaine, contre 2 à 4 semaines de convalescence pour une myomectomie, et 4 à 6 semaines pour une hystérectomie.
Une autre étude française a, pour sa part, montré une amélioration très importante du score de sexualité (incluant les aspects psychologiques comme le désir, et fonctionnel comme la Lubrification et l’orgasme) des femmes traitées par embolisation.